MÉMOIRE DE LA COALITION
DE L’ALPHABÉTISATION DE L’ONTARIO
Sommaire
Tandis que le Canada continue de progresser vers
la reprise économique, il est impératif que nous maintenions notre
investissement dans l’alphabétisation et dans le développement des compétences
essentielles. La récession qui vient de se terminer dernièrement et l’incertitude
économique actuelle ont mis au jour l’importance de plusieurs grandes
questions : comment obtenir une reprise économique durable, comment créer
des emplois de qualité durables, comment garantir des taux d’imposition assez
bas et comment équilibrer un budget. La littératie et les compétences
essentielles sont des éléments essentiels pour faire face à tous ces enjeux, car
elles représentent les compétences nécessaires à la croissance des entreprises
et à l’abaissement des taux d’aide sociale, elles garantissent que les
Canadiens possèdent les aptitudes fondamentales nécessaires pour entrer sur le
marché du travail et, fait le plus important, pour y rester tout au long de
leur vie d’adulte. L’investissement dans l’alphabétisation et dans le développement
des compétences essentielles est directement lié aux emplois et au bien-être
économique de tous les Canadiens.
La Coalition de l'alphabétisation de
l'Ontario (OLC) soumet trois principales recommandations à l’examen du
Comité permanent des finances :
Que le gouvernement du Canada :
1. Continue d’investir dans des programmes de développement de la main-d’œuvre
efficaces et qu’il élargisse les programmes offerts.
2. Établisse un crédit d’impôt pour les employeurs qui offrent des
programmes de formation linguistique, d’alphabétisation et de développement des
compétences essentielles;
3. Intègre l’alphabétisation et le développement des compétences
essentielles dans la stratégie en matière d’économie numérique qu’il prévoit
élaborer.
Au fur et à mesure que la situation économique
changera, nos gouvernements fédéral et provinciaux devront travailler en
partenariat afin de fournir les conditions idéales pour la prospérité
économique de tous les Canadiens. En ces temps difficiles, nous avons une
occasion intéressante d’accorder les encouragements financiers et de constituer
les partenariats entre les syndicats, l’industrie, le gouvernement et le
secteur de la formation qui nous permettrons de créer la main-d’œuvre la plus
productive du monde. Ces partenariats et encouragements seront nécessaires pour
créer et perfectionner les compétences dont tous les Canadiens ont besoin pour
contribuer pleinement à une économie moderne axée sur le savoir.
Au fur et à mesure que la situation économique internationale
change, nous voyons nos gouvernements fédéral et provinciaux travailler en
partenariat afin de créer les conditions idéales pour la prospérité économique
de tous les Canadiens. Un effort concerté afin de créer la main-d’œuvre la plus
adaptable possible constituera un facteur clé pour favoriser la stabilité
économique, la croissance de l’emploi et les investissements dans les
entreprises en cette période de restrictions économiques.
La Coalition de l'alphabétisation de l'Ontario (OLC)
reconnaît les temps économiques difficiles que le gouvernement tente de
traverser. Sur la scène internationale, le climat fiscal est incertain; au
niveau national, le Canada doit faire face à un resserrement du marché du
travail, en raison du nombre accru de départs à la retraite. Lorsque nous
plaçons ces facteurs à côté de la productivité économique du Canada
traditionnellement faible, nous constatons que notre santé économique est loin
d’être certaine. Cette situation représente pour nous une occasion intéressante
de fournir les encouragements financiers et de constituer les partenariats
entre les syndicats, l’industrie, le gouvernement et le secteur de la formation
qui nous permettrons de créer la main-d’œuvre la plus productive du monde. Ces
partenariats et encouragements seront nécessaires pour créer et perfectionner
les compétences dont tous les Canadiens ont besoin pour contribuer pleinement à
une économie moderne axée sur le savoir. Nous devrons toutefois déployer encore
d’autres efforts.
Dans un avenir rapproché, tous les Canadiens
auront un rôle important à jouer dans notre économie. Afin de maintenir la
position du Canada à titre de l’une des économies les plus stables du monde, le
gouvernement canadien devrait mieux s’acquitter de son devoir d’aider les adultes
des groupes de population vulnérables. Parmi ces adultes figurent les
travailleurs âgés, les Autochtones, les décrocheurs de l’école secondaire et
les personnes mises à pied qui ont besoin des compétences nécessaires pour
s’adapter au nouveau marché du travail. Pour aider ces Canadiens à acquérir les
aptitudes nécessaires pour entrer dans la population active et y rester, il
s’imposera de créer pour eux des programmes de formation ciblée. Compte tenu de
ces nouvelles réalités, le gouvernement devra encourager la formation dans des
environnements non traditionnels, comme la formation en milieu de travail, de
nouvelles ententes de partenariats et de financement et l’élaboration de
programmes novateurs. L’OLC considère qu’il s’agit d’une occasion pour le
gouvernement fédéral de jouer un rôle de chef de file intéressant.
L’incertitude économique actuelle a mis au jour la
fragilité de notre reprise économique et l’importance des questions que le
Comité permanent a soumises aux Canadiens pour obtenir leurs commentaires.
L’alphabétisation et le développement des compétences essentielles constituent
une solution à bon nombre des problèmes auxquels le Canada doit faire face dans
l’actuel climat économique. Le développement des compétences est nécessaire
pour accroître la productivité de la main-d’œuvre; il favorise la croissance
des entreprises, abaisse les taux d’aide sociale et garantit qu’un nombre accru
de citoyens ont un travail. Grâce à des activités de formation, tous les
Canadiens possèderont les compétences minimales et essentielles pour entrer sur
le marché du travail, continuer à développer leurs aptitudes au besoin et, par
conséquent, rester sur le marché du travail pendant toute leur vie d’adulte.
La Coalition de l'alphabétisation de
l'Ontario soumet donc à votre examen les recommandations suivantes :
1. Que le gouvernement du Canada continue d’investir dans des
programmes de développement de la main-d’œuvre efficaces et qu’il élargisse les
programmes offerts
Des programmes efficaces de formation liée au
marché du travail sont indispensables à une reprise économique durable et à la
création d’emplois de qualité durables. Les Canadiens se tournent vers leur
gouvernement fédéral pour qu’il les aide à régler les problèmes liés au marché
du travail et qu’il crée les conditions nécessaires à la création d’emplois de
qualité durables par le biais d’initiatives et de mesures de soutien à
l’éducation et à la formation. Les ententes relatives au marché du travail et
les ententes sur le développement du marché du travail sont les principaux
mécanismes utilisés pour atteindre cet objectif. Au cours des modifications de
la dernière récession, ces ententes ont permis de créer des emplois, de
stimuler l’économie et de protéger le Canada contre les pires effets de la
récession mondiale. Nous devons maintenant bâtir pour demain.
Tandis que le gouvernement amorce l’examen en vue
du renouvellement de ces ententes, l’OLC demande au gouvernement fédéral de
collaborer avec les employeurs afin de renforcer les mesures d’encouragement et
de soutien à la formation et à l’éducation en milieu de travail au Canada. Le
gouvernement fédéral a un rôle de premier plan à jouer : il doit établir
les relations nécessaires entre l’industrie, les syndicats, les programmes
d’alphabétisation et de développement des compétences essentielles et le
gouvernement. Grâce à ces partenariats indispensables, la main-d’œuvre
canadienne possèdera les compétences nécessaires à la croissance de l’emploi et
à la hausse de la productivité dans une économie du savoir moderne et en
perpétuel changement.
L’Initiative ciblée pour les travailleurs âgés de 25 millions de dollars par année constitue un bon départ,
mais nous devons faire en sorte que les autres groupes de population
vulnérables bénéficient d’un plein accès au marché du travail. Ce programme a
généré des investissements d’autres province; l’Alberta a versé dernièrement 10 millions
de dollars de plus dans cette initiative. Il faudrait encourager les autres
provinces à faire de même. Des initiatives ciblées semblables, d’un coût
semblable pour le gouvernement, produiraient des résultats intéressants. Le
gouvernement pourrait cibler les nouveaux arrivants canadiens qui, selon le
rapport des Services économiques TD L’alphabétisation est importante :
Un besoin urgent de littératie financière pour la vie, ont vu pendant
25 ans leur bien-être économique diminuer. Le rendement économique même d’un
petit investissement seulement pourrait être énorme.
L’OLC désirerait voir le gouvernement prendre une
approche concertée, plutôt que cloisonnée, en matière de développement de la main-d’œuvre,
qui ferait en sorte que tous les Canadiens possèdent la littératie et les
compétences essentielles nécessaires pour créer une main-d’œuvre véritablement
nationale. Notre main-d’œuvre est hautement mobile et les frontières
provinciales sont poreuses. L’ensemble des compétences dont dépendent tous les
Canadiens devrait être correspondre aux réalités de notre population active et
les citoyens devraient recevoir une formation visant à combler les lacunes du
marché du travail. Nous devons harmoniser les efforts d’alphabétisation et de
développement des compétences de sorte que lorsqu’un débouché se présente, tous
les adultes canadiens possèdent les compétences nécessaires pour en tirer
avantage.
2. Que le gouvernement du Canada établisse un crédit d’impôt pour les
employeurs qui offrent des programmes de formation linguistique,
d’alphabétisation et de développement des compétences essentielles
À titre de société vieillissante, le Canada devrait
déployer de plus en plus d’efforts pour créer des solutions novatrices qui
répondront aux besoins des employeurs, des employés et du gouvernement afin de
corriger les lacunes du marché du travail attribuables aux départs à la
retraite. Le marché du travail se resserrant pour les employeurs, tous les
secteurs de l’économie canadienne devraient être visés par des incitatifs à des
efforts de collaboration visant à créer la culture de la formation nécessaire
au renforcement de la productivité économique de l’industrie et à aider les
employés à conserver l’emploi pour lequel ils ont été embauchés.
Rick Miner, dans son rapport de 2010, People
Without Jobs, Jobs Without People, souligne que la démographie représente
l’un des enjeux liés au marché du travail les plus pressants. Selon Miner, nous
avons besoin tant d’une population active plus nombreuse que d’une main-d’œuvre
de plus en plus qualifiée. L’immigration constitue une partie de la solution,
mais l’alphabétisation et le développement des compétences essentielles chez
les groupes de population vulnérables en est une autre. Afin de lutter
efficacement contre ce problème économique grave, le gouvernement du Canada
devra prévoir de plus en plus de mesures pour encourager des organisations à
constituer des partenariats avec les nombreux secteurs qui contribuent à notre
prospérité économique ainsi que des partenariats entre les divers acteurs d’une
même industrie.
De plus, comme le fait remarquer
John Richards dans le rapport 2009 de l’Institut CD Howe
intitulé Dropouts : The Achilles Heel of Canada’s High School System,
les résultats des deux derniers recensements au Canada donnent à penser qu’il
existe une corrélation directe entre les régions canadiennes qui présentent un
marché du travail serré et des taux de décrochage scolaire élevés. À l’instar
de nombreux autres observateurs, l’auteur souligne dans son rapport que :
… le défaut de terminer ses études secondaires
entraîne de dures conséquences socioéconomiques pour les décrocheurs… Des taux
de décrochage élevés chez des groupes ethniques et raciaux particuliers peuvent
détruire la cohésion d’une collectivité en lançant une dynamique
intergénérationnelle de la marginalisation : de faibles attentes quant aux
études, une faible participation au marché du travail, de la pauvreté et des
conflits sociaux avec d’autres groupes. Les décrocheurs présentent après leur entrée
sur le marché du travail un taux d’emploi bien inférieur et sont moins
productifs que les personnes qui ont atteint un niveau de scolarisation plus
élevé qu’eux. [traduction]
Des marchés du travail serrés peuvent inciter
certaines cohortes démographiques à faire des choix qui les suivront leur vie
durant. Nous devrions essayer de garder les jeunes à l’école, mais en raison du
genre de resserrement du marché de l’emploi qui semble imminent, nous devrons
peut-être envisager des approches en matière d’éducation non traditionnelles et
axées sur le marché du travail. Les programmes en place, comme le crédit
d’impôt pour la création d’emplois d’apprentis de 200 millions de dollars
fournissent un modèle d’investissement dans la formation en cours d’emploi.
Puisque les compétences dont nous avons besoin
pour participer au marché du travail changent constamment, les personnes
dépourvues de compétences de base risquent de rester de plus en plus loin en
plan. Un mécanisme pourrait faire en sorte que les Canadiens possèdent la
littératie et les compétences essentielles dont ils auront besoin dans leur vie
active : un crédit d’impôt pour la formation des travailleurs qui
encouragerait les employeurs à fournir à leurs employés une formation sur
place.
3. Que le gouvernement intègre l’alphabétisation et le développement
des compétences essentielles dans la stratégie en matière d’économie numérique
qu’il prévoit élaborer
Le gouvernement devrait accompagner la stratégie en
matière d’économie numérique d’un programme de formation qui donnerait à tous
les Canadiens la possibilité de comprendre la façon d’utiliser les technologies
numériques dans toutes les dimensions de leur vie. Il s’agirait par exemple
d’enseigner aux citoyens la façon d’utiliser les technologies de sorte à
protéger leur identité et leurs biens, à donner aux travailleurs l’accès aux
débouchés sur le marché du travail et à donner aux employeurs l’accès à une main-d’œuvre
habile avec les technologies.
Tandis que notre économie du savoir continue de se
transformer, de nombreux Canadiens sont laissés derrière. Une grande partie de
la population canadienne adulte n’a pas reçu de formation en matière
d’informatique et de technologies numériques dans les programmes d’études
officiels. De nombreux autres Canadiens, la plupart appartenant aux groupes de
population vulnérables, n’ont pas accès aux technologies dans leur foyer et ils
traînent derrière leurs pairs en matière de développement des compétences
numériques. Cette situation est aussi rappelée par la nature changeante du
travail dans l’ensemble du marché de l’emploi, où la connaissance des
technologies est maintenant une exigence.
L’OLC, dans son rapport à venir intitulé Menial
No More : A discussion Paper on Advancing Our Workforce Through Digital
Essential Skills, a défini une lacune grandissante dans notre connaissance
des enjeux liés au marché du travail et de leur lien avec les technologies. De
plus en plus, les nouvelles technologies se répandent et pénètrent tous les
secteurs du marché du travail. Des emplois qui n’étaient pas habituellement
associés avec les technologies, dans les secteurs de l’industrie primaire, de
la vente au détail, des soins de santé de première ligne et des services
d’accueil, exigent maintenant un ensemble de compétences numériques complexes.
Le cadre fédéral pour le développement des
compétences essentielles a beaucoup contribué à approfondir la connaissance des
compétences nécessaires pour exceller sur le marché du travail moderne.
L’amélioration de ce cadre de sorte qu’il tienne compte des compétences
« STEM » (compétences en science, en technologies, en génie et en
mathématiques) dominantes dans l’ensemble du marché de l’emploi constituerait
un pas important vers la réponse aux besoins de nombreux travailleurs
canadiens. Il pourrait s’agir de poursuivre sur la lancée des initiatives d’infrastructures,
des initiatives du secteur privé ainsi que des initiatives sans but lucratif
déjà existantes. Selon le rapport :
Sur ce marché du travail, le genre d’emplois
étiquetés comme du premier échelon non seulement persistent, mais leur nombre
continue d’augmenter. Pourtant, ces emplois ne ressemblent pas à ce qu’ils
étaient avant. Certes, les compétences exigées d’un travailleur de la cafétéria
ne seraient pas décrites par un grand nombre de personnes comme celles d’un
emploi spécialisé. Cet emploi figure parmi un éventail d’emplois
traditionnellement occupés par des personnes n’ayant pas terminé leur cours
secondaire et par des nouveaux immigrants. Sauf que si
nous allons au-delà des idées préconçues et que nous analysons les compétences
professionnelles exigées, nous découvrons une nouvelle réalité au sujet d’un
large éventail de catégories d’emploi et des travailleurs que nous avions
l’habitude de désigner des travailleurs peu spécialisés… Ce décalage est
amplifié par le fait que nous sommes au bord d’une grave pénurie de main-d’œuvre
qualifiée. [traduction]
La stratégie nationale en matière d’économie
numérique à venir est bien accueillie. L’économie canadienne a besoin d’un plan
qui dotera le pays de l’infrastructure numérique nécessaire pour créer une
économie du savoir moderne. Nous louons donc le gouvernement pour avoir lancé
cette stratégie. Toutefois, pour être véritablement efficace, une stratégie
doit faire en sorte que tous les Canadiens possèdent les compétences numériques
essentielles exigées sur notre marché de l’emploi. Pour créer des emplois
durables, il faut veiller à ce que tous les Canadiens de la population active
puissent entrer sur le marché du travail et y rester pendant toute leur vie
active.
La littératie et les compétences essentielles
joueront un rôle important. Elles garantiront aux Ontariens l’accès à la série
complète de services dont ils ont besoin pour obtenir l’emploi qui leur
permettra de contribuer à une économie florissante. Tandis que le Canada
continue de progresser vers la reprise économique, si fragile soit-elle, il est
impératif que nous maintenions notre investissement dans l’alphabétisation et
le développement des compétences essentielles. Cet investissement est
directement lié aux emplois et au bien-être économique de tous les Canadiens.